Nintendo Labo est une série de kits de bricolage en carton qui fonctionne avec la
Nintendo Switch. Connectés aux Joy-Con, les manettes de la Switch, ces kits
permettent de découvrir de nouvelles façons de jouer (une vidéo démo ici pour voir à quoi ça ressemble).
De nombreuses médiathèques et espaces
numériques ont proposé des ateliers découvertes du Nintendo Labo dans leurs
structures. Nous vous proposons ici le témoignage
et les retours de 2 expériences, différentes et complémentaires, par Léa
Compère, adjoint du patrimoine à la Médiathèque l’Alpha, à Angoulême et Bruno
Méraut, médiateur numérique au Cybercentre de Beaupréau en Mauges.
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Construction du volant au Cybercentre de Beaupréau en Mauges |
Qu’est-ce qui vous a
amené à développer cet atelier ? (contexte)
Bruno :
Un des objectifs du Cybercentre de Beaupréau en Mauges est d’en faire un lieu
de vie social et culturel, en profitant des aspects positifs du jeu vidéo.
Ainsi, nous développons par exemple un fonds de jeux vidéo axé sur la
coopération. Nous avons assez vite vu que le Nintendo Labo pouvait être une
expérience qui favoriserait les échanges et pourrait faire évoluer chez
certains le regard qui peut être parfois porté sur les jeux vidéo.
Léa :
Le Nintendo Labo représente une nouvelle façon de jouer et d’appréhender le jeu
vidéo, même pour les personnes les plus réticentes, et c’est l’une des choses
qui nous a poussé à développer des ateliers sur cette thématique à la
médiathèque l’Alpha. Cela représentait également la possibilité d’attirer un
public que nous souhaitons pérenniser sur notre espace jeux vidéo, à savoir le
public familial, et de favoriser la découverte numérique pour notre public
habituel. Nous souhaitions par ailleurs développer les deux axes principaux du
Nintendo Labo à travers notre proposition d’animations : la construction
des modules en carton, mais également la partie jeu à proprement parler.
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Lors de l'atelier à la Médiathèque l'Alpha à Angoulême |
Quels étaient vos objectifs ?
Léa : L’un des objectifs de ces ateliers était de permettre à nos publics de se mélanger : nous souhaitions par ce biais inciter à la collaboration et à l’échange entre nos usagers habitués à fréquenter la salle de jeux vidéo, un public plus jeune qui veut se familiariser avec ces technologies, mais également avec des adultes intrigués par ce nouveau concept. Avec cette proposition nous souhaitions tout de même permettre au public familial d’avoir un temps dédié autour des jeux vidéo et favoriser la découverte du Nintendo Labo en famille et de façon intergénérationnelle.
Bruno : Avec
ces kits, nous souhaitions favoriser la collaboration, non pas dans le jeu,
mais dans la construction. L’idée était de faire ensemble et que chacun trouve
sa place pour arriver à un résultat qui serait partagé par tous. Nous n’avions
pas de public cible mais nous voulions un mélange de générations.
Comment s’est déroulé
l’atelier ?
Bruno : Nous
avions prévu 4 matinées, des samedis matins, de 10h à 12h. En fait, il nous en
a fallu plus ! Au final, c’est 10 temps d’ateliers qui nous ont été
nécessaire (en prenant le temps de jouer à chaque fois, c’est vrai). Nous avons
acheté les 4 kits Nintendo Labo, qui contiennent chacun plusieurs objets à
construire. Par exemple, dans le 1er kit, il y a le piano (qui est
génial), la canne à pêche, la maison et la moto. Or, nous n’avons qu’une Switch
et le tutoriel implique de ne pouvoir construire qu’un objet d’un kit à la
fois.
En termes d’animation, c’est extrêmement simple, puisqu’il
suffit de lancer le tutoriel ! Honnêtement, je n’ai pas servi à
grand-chose à part essayer de répartir les tâches pour que certains ne
mobilisent pas la construction. Mais globalement, en fonction des groupes,
l’harmonie régnait.
Léa :
Nous avons réalisé deux ateliers, pour atteindre les objectifs que nous
souhaitions à savoir un atelier de construction, pour comprendre et manipuler (l’une
des étapes les plus importantes du Nintendo Labo), et un atelier de test des
différents modules du multi-kit du Nintendo Labo. Ces ateliers se sont déroulés
après un montage complet du multi-kit par mes soins, pour pouvoir appréhender
le concept du Nintendo Labo, les temps de montage et les éventuelles
difficultés qui pouvaient être rencontrées.
Le premier atelier de montage du multi-kit
avec nos usagers s’est déroulé sur 2h30. Nous proposions à 5 binômes
(parents-enfants) de construire chacun leur maison du Nintendo Labo. Pour
cela nous avions commandé des recharges supplémentaires pour construire la
maison sur le e-shop de Nintendo. L’écran était projeté sur une grande télé, et
les binômes réalisaient en même temps leur construction en suivant les
instructions à l’écran. La présence d’une personne encadrante était nécessaire
afin de bien accompagner chaque binômes, et de rendre les instructions moins monotones.
Une fois la construction achevée, les participants pouvaient tester à tour de
rôle le module de la maison Nintendo Labo.
Le second atelier permettait à un plus grand
nombre d’usagers de tester le Nintendo Labo. Sur un après-midi (14h-18h) nous
avions installé un stand, avec les différents modules montés du multi-kit, à
savoir : la canne à pêche, le piano, la maison, le guidon de moto et le
robot téléguidé. Nous inscrivions les personnes sur des créneaux d’une
vingtaine de minutes pour pouvoir gérer les flux et l’attente. Ce temps m’a
permis de leur présenter le concept du Nintendo Labo et de leur donner des
informations factuelles (mais aussi pour eux de me poser des questions !).
Ils choisissaient ensuite chacun un module qu’ils souhaitaient tester, et
pouvaient le prendre en main. Ce temps a permis une véritable médiation autour
de ce concept.
Quels étaient vos
moyens, humains et matériels ?
Léa : Pour mettre en place ces ateliers nous avons eus besoin de la nintendo Switch (350€), du multi-kit Nintendo Labo (environ 50€), d’un écran de télévision, de tables pour pouvoir mener les ateliers de création et pour présenter les différents modules lors des ateliers de tests des modules.
Pour l’encadrement des ateliers j’étais seule : sur l’atelier de construction une personne était suffisante car les binômes étaient assez autonomes et les indications du tutoriel claires. Sur l’animation pour tester les éléments du multi-kit j’étais seule également : cela a pu poser quelques difficultés car je devais à la fois gérer les inscriptions régulières pour l’atelier, en plus des explications sur le Nintendo Labo et de l’accompagnement sur les modules.
Ces ateliers ont également demandé un temps de préparation en amont assez long, puisque nous souhaitions mettre à disposition le multi-kit déjà monté pour que les usagers puissent le tester.
Bruno :
J’étais seul pour animer ces ateliers qui, honnêtement, s’animent tous seuls
encore une fois : il n’y a aucune connaissance technique à avoir, il faut
simplement accompagner les groupes. En termes de moyens matériels, nous avions
donc la Nintendo Switch, qui coûte 350€, un écran de télévision et les 4 kits
Nintendo Labo nous ont coûté 230€.
Comment évaluez-vous
le succès de cet atelier ?
Bruno :
C’est indéniablement un succès ! Certains jeunes ne venaient que pour
construire. Maintenant que tous les kits sont assemblés, nous les exposons et
les expliquons aux parents qui passent et s’arrêtent, intrigués. C’est un bon
outil pour faciliter les échanges.
Léa :
Ces ateliers ont vraiment été une réussite ! Nos objectifs ont pu être
atteints (nous avons réussi à intéresser tous les publics !), nous avons
été complets sur chaque atelier (l’atelier de construction a accueilli 10
personnes, et une trentaine ont pu tester et manipuler les modules) et nous
avons dû reprogrammer un test des modules du multi-kit ultérieurement pour
satisfaire la demande des usagers. L’atelier qui a été reconduit a également
affiché complet.
Cela a également permis aux usagers d’avoir
un intermédiaire direct pour toutes leurs interrogations, et donc de lancer
facilement des conversations, aussi bien avec les enfants très curieux, qu’avec
les parents plus inquiets !
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Le succès est au rendez-vous |
Quelles sont les
limites, les inconvénients, les points de vigilance que vous avez pu
observer ?
Léa : Plusieurs points ont pu nous poser problème sur ces expériences.
Lors de l’atelier de construction nous avions commandé les recharges en carton de la maison Nintendo Labo : malheureusement ces recharges ne comprennent pas les pièces autres que le carton (ficelle, œillets, etc) … Les participants ont donc manqué d’élastiques pour créer l’un des boutons poussoir de la maison : heureusement cela n’a pas posé de souci pour le reste de la construction mais cela aurait été plus problématique si nous avions choisi la canne à pêche par exemple !
Les différents modules ont également été manipulés à maintes reprises pour nos différents ateliers.
L’élément principal de la construction (à savoir le carton) s’est donc fragilisé, notamment sur le guidon de la moto. La chaleur et l’humidité des mains sur le guidon ont rendu le carton plus mou. Par ailleurs, une personne était toujours mobilisé pour les manipulations des différents modules, l’intégration des joycon, etc, et cela s’est avéré nécessaire pour renforcer la durée de vie du kit. Et il faut également penser que ces kits une fois montés peuvent difficilement être démontés : il faut donc les stocker (et avoir de la place pour ça !).
Un autre point est à prendre en compte … Les modules nécessitant impérativement la console et les joycon pour être utilisés, il est donc impossible de les laisser à disposition sans surveillance … Par ailleurs pour chaque module il faut un écran (donc une console) et les joycon : or, nous n’avons à disposition qu’une seule Switch ! Nous ne pouvons pas faire tester plusieurs modules en même temps, même si les gens apportent leur propre switch, car la cartouche de jeu du nintendo labo est également indispensable.
Autre petite déception sur la qualité des jeux proposés. Ils s’adaptent bien sur un format de test assez court, mais ne permettent pas une progression et sont donc très rapidement lassants et répétitifs. Mais une piste reste tout de même à explorer, puisqu’une fonctionnalité permet de créer son propre codage pour paramétrer ses propres créations … Cela permettrait peut-être la mise en place d’un nouvel atelier ?
Bruno : Du
fait que nous n’avons qu’une Switch, nous ne pouvions pas accueillir plus de 4
jeunes par atelier sur cet espace, ce qui est peu. Mais 4, c’est déjà un nombre
suffisant dans un groupe pour que chacun trouve sa place.
Une fois les kits assemblés, la plupart des jeux ne sont pas
extraordinaires, mais ce n’est pas très grave : ce qui importait, c’était
l’expérience de la construction.
La grosse déception par contre, c’est le kit VR : la
Nintendo Switch n’est pas prévue pour
cela à la base et ça se voit tout de suite : flou désagréable,
nausées,… rien à voir avec un vrai
casque VR.
Bien sûr, nous nous posons la question de la durée dans le
temps des objets fabriqués : ce n’est que du carton assemblé et manipulé
par des jeunes parfois brutaux… Nous
espérons que Nintendo ressortira d’autres kits ou permettra de racheter des
cartons sans le jeu (ça, nous n’y croyons pas trop). A priori, les plans des
kits sont disponibles sur Internet et le fablab voisin dispose d’une découpe
laser, donc nous allons creuser cette piste.
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Au Cybercentre de Beaupréau en Mauges, les kits réalisés sont accessibles à tous et favorisent les échanges |