mercredi 26 juin 2019

Développement des fonds, médiation et action culturelle autour des jeux vidéo en médiathèque

Le cinéma a mis près de 100 ans à entrer dans les bibliothèques, le jeu vidéo n'a pas attendu aussi longtemps. De nombreuses collectivités ont ces dernières années entrepris de permettre l'accès à tous à cette forme de culture à part entière, en montrer la diversité, les qualités graphiques, narratives, ludiques, la maîtrise d’exécution.


Mais, comme pour tout type de collection, proposer à ses usagers ce service nécessite que l'équipe ai, sinon une maîtrise des différents supports utilisés, au moins une compréhension globale de ceux-ci. Il semble nécessaire par exemple de pouvoir effectuer une maintenance de premier niveau et un paramétrage simple d'un parc de consoles.
Surtout, il est nécessaire de positionner le jeu vidéo comme un bien culturel à part entière, en l'incluant dans l'action culturelle de la médiathèque, en mettant en place une politique d’acquisition.

Le développement des fonds, la médiation et l'action culturelle autour des jeux vidéo en médiathèque sera le sujet de la formation donnée aux agents de la Bibliothèque Municipale de Nantes à la Médiathèque Jacques Demy, dans le cadre d'une formation du CNFPT Pays de la Loire, les  27, 28 juin et 26 septembre 2019, dont le support est disponible sous ce lien.


Ce support est une version mise à jour de la formation donnée à la Médiathèque l'Alpha à Angoulème en janvier 2019.



samedi 8 juin 2019

Retour d’atelier: La fabrication collective avec le Nintendo Labo


Nintendo Labo est une série de kits de bricolage en carton qui fonctionne avec la Nintendo Switch. Connectés aux Joy-Con, les manettes de la Switch, ces kits permettent de découvrir de nouvelles façons de jouer (une vidéo démo ici pour voir à quoi ça ressemble).
De nombreuses médiathèques et espaces numériques ont proposé des ateliers découvertes du Nintendo Labo dans leurs structures.  Nous vous proposons ici le témoignage et les retours de 2 expériences, différentes et complémentaires, par Léa Compère, adjoint du patrimoine à la Médiathèque l’Alpha, à Angoulême et Bruno Méraut, médiateur numérique au Cybercentre de Beaupréau en Mauges.


Construction du volant au Cybercentre de Beaupréau en Mauges


Qu’est-ce qui vous a amené à développer cet atelier ? (contexte)


Bruno : Un des objectifs du Cybercentre de Beaupréau en Mauges est d’en faire un lieu de vie social et culturel, en profitant des aspects positifs du jeu vidéo. Ainsi, nous développons par exemple un fonds de jeux vidéo axé sur la coopération. Nous avons assez vite vu que le Nintendo Labo pouvait être une expérience qui favoriserait les échanges et pourrait faire évoluer chez certains le regard qui peut être parfois porté sur les jeux vidéo.

Léa : Le Nintendo Labo représente une nouvelle façon de jouer et d’appréhender le jeu vidéo, même pour les personnes les plus réticentes, et c’est l’une des choses qui nous a poussé à développer des ateliers sur cette thématique à la médiathèque l’Alpha. Cela représentait également la possibilité d’attirer un public que nous souhaitons pérenniser sur notre espace jeux vidéo, à savoir le public familial, et de favoriser la découverte numérique pour notre public habituel. Nous souhaitions par ailleurs développer les deux axes principaux du Nintendo Labo à travers notre proposition d’animations : la construction des modules en carton, mais également la partie jeu à proprement parler.
Lors de l'atelier à la Médiathèque l'Alpha à Angoulême

 Quels étaient vos objectifs ?


Léa : L’un des objectifs de ces ateliers était de permettre à nos publics de se mélanger : nous souhaitions par ce biais inciter à la collaboration et à l’échange entre nos usagers habitués à fréquenter la salle de jeux vidéo, un public plus jeune qui veut se familiariser avec ces technologies, mais également avec des adultes intrigués par ce nouveau concept. Avec cette proposition nous souhaitions tout de même permettre au public familial d’avoir un temps dédié autour des jeux vidéo et favoriser la découverte du Nintendo Labo en famille et de façon intergénérationnelle.

Bruno : Avec ces kits, nous souhaitions favoriser la collaboration, non pas dans le jeu, mais dans la construction. L’idée était de faire ensemble et que chacun trouve sa place pour arriver à un résultat qui serait partagé par tous. Nous n’avions pas de public cible mais nous voulions un mélange de générations. 

Comment s’est déroulé l’atelier ?


Bruno : Nous avions prévu 4 matinées, des samedis matins, de 10h à 12h. En fait, il nous en a fallu plus ! Au final, c’est 10 temps d’ateliers qui nous ont été nécessaire (en prenant le temps de jouer à chaque fois, c’est vrai). Nous avons acheté les 4 kits Nintendo Labo, qui contiennent chacun plusieurs objets à construire. Par exemple, dans le 1er kit, il y a le piano (qui est génial), la canne à pêche, la maison et la moto. Or, nous n’avons qu’une Switch et le tutoriel implique de ne pouvoir construire qu’un objet d’un kit à la fois.

En termes d’animation, c’est extrêmement simple, puisqu’il suffit de lancer le tutoriel ! Honnêtement, je n’ai pas servi à grand-chose à part essayer de répartir les tâches pour que certains ne mobilisent pas la construction. Mais globalement, en fonction des groupes, l’harmonie régnait.

Léa : Nous avons réalisé deux ateliers, pour atteindre les objectifs que nous souhaitions à savoir un atelier de construction, pour comprendre et manipuler (l’une des étapes les plus importantes du Nintendo Labo), et un atelier de test des différents modules du multi-kit du Nintendo Labo. Ces ateliers se sont déroulés après un montage complet du multi-kit par mes soins, pour pouvoir appréhender le concept du Nintendo Labo, les temps de montage et les éventuelles difficultés qui pouvaient être rencontrées.
Le premier atelier de montage du multi-kit avec nos usagers s’est déroulé sur 2h30. Nous proposions à 5 binômes (parents-enfants) de construire chacun leur maison du Nintendo Labo. Pour cela nous avions commandé des recharges supplémentaires pour construire la maison sur le e-shop de Nintendo. L’écran était projeté sur une grande télé, et les binômes réalisaient en même temps leur construction en suivant les instructions à l’écran. La présence d’une personne encadrante était nécessaire afin de bien accompagner chaque binômes, et de rendre les instructions moins monotones. Une fois la construction achevée, les participants pouvaient tester à tour de rôle le module de la maison Nintendo Labo. 

Le second atelier permettait à un plus grand nombre d’usagers de tester le Nintendo Labo. Sur un après-midi (14h-18h) nous avions installé un stand, avec les différents modules montés du multi-kit, à savoir : la canne à pêche, le piano, la maison, le guidon de moto et le robot téléguidé. Nous inscrivions les personnes sur des créneaux d’une vingtaine de minutes pour pouvoir gérer les flux et l’attente. Ce temps m’a permis de leur présenter le concept du Nintendo Labo et de leur donner des informations factuelles (mais aussi pour eux de me poser des questions !). Ils choisissaient ensuite chacun un module qu’ils souhaitaient tester, et pouvaient le prendre en main. Ce temps a permis une véritable médiation autour de ce concept.

Quels étaient vos moyens, humains et matériels ?


Léa : Pour mettre en place ces ateliers nous avons eus besoin de la nintendo Switch (350€), du multi-kit Nintendo Labo (environ 50€), d’un écran de télévision, de tables pour pouvoir mener les ateliers de création et pour présenter les différents modules lors des ateliers de tests des modules.

Pour l’encadrement des ateliers j’étais seule : sur l’atelier de construction une personne était suffisante car les binômes étaient assez autonomes et les indications du tutoriel claires. Sur l’animation pour tester les éléments du multi-kit j’étais seule également : cela a pu poser quelques difficultés car je devais à la fois gérer les inscriptions régulières pour l’atelier, en plus des explications sur le Nintendo Labo et de l’accompagnement sur les modules.
Ces ateliers ont également demandé un temps de préparation en amont assez long, puisque nous souhaitions mettre à disposition le multi-kit déjà monté pour que les usagers puissent le tester. 


Bruno : J’étais seul pour animer ces ateliers qui, honnêtement, s’animent tous seuls encore une fois : il n’y a aucune connaissance technique à avoir, il faut simplement accompagner les groupes. En termes de moyens matériels, nous avions donc la Nintendo Switch, qui coûte 350€, un écran de télévision et les 4 kits Nintendo Labo nous ont coûté 230€.


Comment évaluez-vous le succès de cet atelier ?


Bruno : C’est indéniablement un succès ! Certains jeunes ne venaient que pour construire. Maintenant que tous les kits sont assemblés, nous les exposons et les expliquons aux parents qui passent et s’arrêtent, intrigués. C’est un bon outil pour faciliter les échanges.

Léa : Ces ateliers ont vraiment été une réussite ! Nos objectifs ont pu être atteints (nous avons réussi à intéresser tous les publics !), nous avons été complets sur chaque atelier (l’atelier de construction a accueilli 10 personnes, et une trentaine ont pu tester et manipuler les modules) et nous avons dû reprogrammer un test des modules du multi-kit ultérieurement pour satisfaire la demande des usagers. L’atelier qui a été reconduit a également affiché complet.
Cela a également permis aux usagers d’avoir un intermédiaire direct pour toutes leurs interrogations, et donc de lancer facilement des conversations, aussi bien avec les enfants très curieux, qu’avec les parents plus inquiets !
Le succès est au rendez-vous

Quelles sont les limites, les inconvénients, les points de vigilance que vous avez pu observer ?


Léa : Plusieurs points ont pu nous poser problème sur ces expériences.
Lors de l’atelier de construction nous avions commandé les recharges en carton de la maison Nintendo Labo : malheureusement ces recharges ne comprennent pas les pièces autres que le carton (ficelle, œillets, etc) … Les participants ont donc manqué d’élastiques pour créer l’un des boutons poussoir de la maison : heureusement cela n’a pas posé de souci pour le reste de la construction mais cela aurait été plus problématique si nous avions choisi la canne à pêche par exemple !
Les différents modules ont également été manipulés à maintes reprises pour nos différents ateliers. 

L’élément principal de la construction (à savoir le carton) s’est donc fragilisé, notamment sur le guidon de la moto. La chaleur et l’humidité des mains sur le guidon ont rendu le carton plus mou. Par ailleurs, une personne était toujours mobilisé pour les manipulations des différents modules, l’intégration des joycon, etc, et cela s’est avéré nécessaire pour renforcer la durée de vie du kit. Et il faut également penser que ces kits une fois montés peuvent difficilement être démontés : il faut donc les stocker (et avoir de la place pour ça !).



Un autre point est à prendre en compte … Les modules nécessitant impérativement la console et les joycon pour être utilisés, il est donc impossible de les laisser à disposition sans surveillance … Par ailleurs pour chaque module il faut un écran (donc une console) et les joycon : or, nous n’avons à disposition qu’une seule Switch ! Nous ne pouvons pas faire tester plusieurs modules en même temps, même si les gens apportent leur propre switch, car la cartouche de jeu du nintendo labo est également indispensable.

Autre petite déception sur la qualité des jeux proposés. Ils s’adaptent bien sur un format de test assez court, mais ne permettent pas une progression et sont donc très rapidement lassants et répétitifs. Mais une piste reste tout de même à explorer, puisqu’une fonctionnalité permet de créer son propre codage pour paramétrer ses propres créations … Cela permettrait peut-être la mise en place d’un nouvel atelier ?

Bruno : Du fait que nous n’avons qu’une Switch, nous ne pouvions pas accueillir plus de 4 jeunes par atelier sur cet espace, ce qui est peu. Mais 4, c’est déjà un nombre suffisant dans un groupe pour que chacun trouve sa place.

Une fois les kits assemblés, la plupart des jeux ne sont pas extraordinaires, mais ce n’est pas très grave : ce qui importait, c’était l’expérience de la construction.
La grosse déception par contre, c’est le kit VR : la Nintendo Switch  n’est pas prévue pour cela à la base et ça se voit tout de suite : flou désagréable, nausées,…  rien à voir avec un vrai casque VR.
Bien sûr, nous nous posons la question de la durée dans le temps des objets fabriqués : ce n’est que du carton assemblé et manipulé par des jeunes parfois brutaux…  Nous espérons que Nintendo ressortira d’autres kits ou permettra de racheter des cartons sans le jeu (ça, nous n’y croyons pas trop). A priori, les plans des kits sont disponibles sur Internet et le fablab voisin dispose d’une découpe laser, donc nous allons creuser cette piste.

Au Cybercentre de Beaupréau en Mauges, les kits réalisés sont accessibles à tous et favorisent les échanges

mardi 4 juin 2019

Des applications testées et approuvées



 Je viens de mettre à jour pour la troisième fois ma liste d'applications testées et approuvées pour appareils mobiles Androïd et Apple dans le cadre de médiation numérique avec des tablettes.
Le résultat est disponible sur ce lien Google Sheet

Comme le format n'est pas très esthétique, vous trouverez ici une version application web réalisée avec Glide, plus agréable à manipuler. (Merci d'ailleurs à Thomas Fourmeux pour son article "Créer une appli de recommandation de contenus" qui m'a apporté la solution simple que je cherchais.)


J'ai sélectionné pour vous plus de 120 applications :
  • par catégorie : livre, créativité, jeu, pratique, éducatif, divertissement
  • par type de médiation : libre, en petit groupe (1 tablette pour 4) ou en grand groupe (1 tablette avec vidéoprojection)
  • par public de prédilection : enfance, adolescent, adulte, tous
  • par budget : payant ou gratuit (avec ou sans publicités ou achats intégrés)
  • par store : Appstore ou Playstore (avec liens) ou, pour indication, navigateur, Steam, Windows Store ou même Switch
Les applications sont notées sur 10 par moi même, donc tout est complètement subjectif, mais si elles figurent parmi la sélection, c'est qu'elles ont un intérêt.


Comme toujours, cette sélection est le fruit d'un travail de veille, grandement facilité par nos échanges ensemble, qu'ils soient IRL ou en ligne.

Comme j'ai forcément oublié de tester des applis absolument incontournables à vos yeux, je vous encourage très fortement à me les signaler afin de rectifier cette erreur :-)

Merci et à bientôt